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Adieu Windows Phone, RIP Windows Mobile

Ce n’est pas qu’un au revoir mes frères, non, c’est bien la fin, le mur infranchissable de la mort. Ce 10 décembre 2019 marque la fin du support de la dernière version de Windows Mobile…Y-a-t-on gagné ou perdu ?

Une histoire semée d’erreurs

Windows Mobile ouvrit une voie mais bien trop étroite, Windows 8 fut une catastrophe sur le PC et ne propulsa pas les smartphone MS, Windows 8.1 n’a pas rattrapé les erreurs commises et Windows 10 Mobile encore moins.

A qui la faute ?

Comment Microsoft pionnier avec Windows Mobile a-t-il pu chuter si lourdement sur ce créneau d’avenir (si on se replace dans le contexte il y a plus de vingt ans !) ?

Oui plus de vingt ans car avant Windows Mobile il y eut en 1996 Windows CE. Qui s’en souvient…

Je ne vais pas refaire le match, il se termine définitivement aujourd’hui.

Seule l’amoncellement d’erreurs et l’entêtement de faux gourous a pu en venir là.

Une tuile c’est un pépin…

Notre belle langue aurait du servir d’oracle et attirer l’attention de Microsoft… Mais les tuiles ont eu la peau de Windows Phone. Quand vous regardiez un catalogue de smartphones pour en acheter un, tous avait un look différent, quand vous regardiez les Windows Phone, de la première génération à la dernière toutes les photos étaient identiques un truc rectangulaire avec les mêmes tuiles. Peu importe le prix, les caractéristiques techniques. Certains étaient plus grands que d’autres mais c’est tout ce qu’on pouvait voir de l’extérieur. 

Comment choisir ? Comment même croire qu’il y avait eu une évolution ?

Comment exciter le consommateur dans cette uniformisation façon soviétique à l’heure du libéralisme et de l’égoïsme mais surtout de l’égocentrisme décomplexé ?

L’uniformité même non conventionnelle a gommé toute possibilité de différencier un Windows Phone d’un autre, là où le paradigme du bureau qui avait fait ses preuves sur PC et qui était utilisé par Apple et Google permettait toutes les fantaisies.

Car oui, et surtout pour des objets de ce prix, le consommateur ne voulait pas être un numéro. “Je suis un homme libre, je ne suis pas un numéro !” beuglait le Prisonnier, en écho l’homme “moderne” gueule “Je suis un consommateur libre, pas un mouton au service du grand capital" ! “. Mon œil ! My Foot! Mais il y croit dur comme fer ce niais !

Or mis à part Apple et son monde fermé, ce qui le fera passer de presque 100% du marché au début à 25% ensuite donc pas vraiment un succès de leur gourou non plus, chez Google les surcouches se concurrençaient, les Apps changeant le look & feel explosaient. A chacun son interface, à chacun son smartphone ! Dans la coolitude la plus totale aurait ajouté Ségolène.

Parce que soyons clairs, l’utilisateur de smartphone n’y connait rien, en tout cas pas plus que l’utilisateur de PC. Donc les différences entre modèles se font à l’œil, les coups de cœur se font à vue et non en lisant des pages de détails techniques.

Un bon OS

D’ailleurs si le consommateur était intelligent Windows Phone serait si ce n’est le roi mais au moins l’un des princes de ce qui serait un grand ménage à trois. Car côté caractéristiques techniques et efficacité, Windows Phone était irréprochable. Bien mieux ficelé que Android surtout au départ ! Le look Métro lui-même n’était pas une erreur. Les faux visionnaires d’Apple n’avaient rien vu venir et ont jusqu’il y a peu conservé un skeuomorphisme vieux jeu des plus ringard… Android et son flat look n’est qu’un resucé de Metro.

Techniquement le premier Windows Phone faisait tourner des App écrites en C# avec une UI en XAML, un langage descriptif basé sur des primitives graphiques en vectoriel ! En temps réel, sur de petites machines modestes mais avec fluidité ! Aucun autre éditeur n’a réussi cette prouesse jusqu’à ce jour.

Et d’un point de vue Design, même si l’obstination du menu à tuile est une lourde erreur, c’était plutôt bien vu, à tel point que cela a été copié par les deux concurrents qui inventent des termes comme Material Design pour cacher leur vol effronté de Metro.

Alors certes l’OS était bon, excellent même. Programmable avec les langages les plus évolués de la planète et pas des bricolage javaScripteux à base de “nine patch”.

Mais ça c’était “le dedans”, ce que le consommateur ne voit pas et ne comprendra même jamais.

Windows phone la beauté intérieure

Oui car finalement Windows Phone ce qui l’a tué, outre la bêtise crasse des dirigeants de MS à l’époque, c’est bien d’avoir été atypique. Moche dehors, sans cette graine de folie qui plait tant aux marketeux et à la concierge qui veut se croire nouveau riche, mais d’une grande beauté intérieure.

Et vous savez comme moi que (et quel que soit le niveau alarmant de la bienpensance actuelle) un fille moche avec une grande beauté intérieure à moins de chance de se faire emballer dans une soirée qu’une bimbo au corps de rêve avec un pois chiche dans le cerveau. (On peut dire pareil avec un mec mais ça sert à quoi de le faire remarquer ? Nous prendrait-on pour des crétins incapables de comprendre le côté archétypique et englobant par essence de l’exemple ? A la niche les bienpensants, oust !).

Windows Phone est donc resté tout seul sur le dance floor pendant que les couples heureux se formaient et se dirigeaient vers une fin de nuit plus chaude encore…

On ne dira jamais assez de mal d’un type comme Sinofsky, le faux gourou avec ses lubies crétines, celui par qui la tuile est arrivée, la mauvaise fée penchée sur le berceau de Windows Phone a secoué sa baguette pas magique du tout en disant “tu seras le plus génial des OS mais tu seras moche à première vue !”.

Ballmer était en fin de règne et Bill n’a pas eu le courage de lui demander de partir à temps… Eux aussi sont responsables bien entendu.

Alors ? Y-a-t-on gagné ou perdu ?

Tout comme je me suis battu pour que WinRT soit fenêtré (ce qui est le cas dans Windows 10 des années après l’échec de Windows 8), ce que personne ne pourra nier car je laisse des traces (“Ne jetez pas WinRT par les fenêtres : offrez-lui en ! (la solution pour un WinRT adapté au PC)” billet du 4 mai 2013), je me suis battu contre les tuiles de Windows Phone.

Mais pas contre Windows Phone. Pour le sauver au contraire.

Mais pas plus que pour Windows 8 je n’ai été entendu pour Windows Phone. Des années après mes idées ont fini par germer dans quelques autres esprits chez MS, il fallait bien que ça finisse par sortir, mais que de temps et d’argent aurait été gagné si ma voix avait été entendue au bon moment… Bah ! après tout tant pis.

Tant que ça ?

Non, pour dire vrai nous y avons perdu, et de beaucoup.

En laissant Google vampiriser le marché nous avons commis la plus grave erreur. On le voit avec certains smartphones chinois d’excellente qualité qui privés de Android, sont bons à mettre à la poubelle. Un gâchis. Et surtout la preuve qu’Android n’est pas si libre et si ouvert que cela… Il est tenu par des mains de fers dans des gants d’acier !

Et le match truqué avec l’IPhone pour donner le change est une honte qui s’étale sur nos fronts. La marque de notre couardise, de notre manque de combativité, de notre esprit trop peu tourné vers les conséquences de nos actes à trop se regarder le nombril en prenant en photo notre burger de midi pour l’étaler à la face d’un Monde qui s’en fout sur Twitter, Facebook ou Instagram…

Oui nous y avons perdu.

Windows Phone était un bon OS qui méritait juste un Shell paramétrable et personnalisable au lieu de cet affreux menu à tuile normatif.

Mais qu’il était bien cet OS, qu’ils étaient beaux C# et XAML même sur de si petites machines ARM…

Windows Phone était comme WPF en avance de 30 ou 40 ans sur son temps. Comme Silverlight aussi. Même ceux qui ne le savent pas y ont perdu tout de même.

RIP

Repose en paix Windows Phone, tu ne méritais pas ce monde idiot, tu ne méritais pas les chefs obtus qui t’ont brisé les ailes, tu ne méritais pas ces consommateurs qui s’attardent plus sur la beauté et les signes de richesse extérieures que sur la beauté intérieure.

Adieu.

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